ROI : idée générale ou ratio ?
Chez plusieurs de mes clients, j’entends parler de ROI ou retour sur investissement.
Si ce mot garde le sens général de rentabilité d’un investissement, sans préciser le moyen de mesurer cette rentabilité, il semble logique de l’utiliser. Pourquoi ne pas appeler le dossier d’analyse financière de la rentabilité d’un investissement le dossier ROI ?
Pourtant, à mon avis, ce mot est dangereux, car on peut le confondre avec le ratio ROI : retour sur investissement = résultat / investissement. Là, on a un problème. Ce ratio n’a pas d’intérêt, il est même à la limite du contre-sens.
Avec le ratio ROI, il s’agit d’extraire le résultat dégagé par un investissement sur une seule année et de le rapporter au montant de l’investissement.
Trois raisons de ne pas utiliser le ratio ROI
Par définition, s’interroger sur la rentabilité d’un investissement, c’est avoir une vue globale des flux d’argent sur un projet pour toute la durée du projet. Sa phase d’investissement, pendant laquelle on dépense, et sa phase d’exploitation, pendant laquelle le projet génère de l’argent. Le but est de vérifier que l’argent généré en phase d’exploitation vaut le coup de l’investissement. Une décision d’investissement engage l’entreprise pour la durée du projet. Extraire une année ne fait aucun sens. Rapporter le résultat (bénéfice) et non le flux d’argent à l’investissement ne fait aucun sens.
En outre, tout le modèle d’analyse de la rentabilité d’un investissement repose sur l’analyse des flux d’argent qu’il va générer dans le temps. On cherche à vérifier que l’argent investi va rapporter plus qu’il ne coûte, compte tenu de l’échéancier précis des flux d’argent. Car chaque année, l’argent a un coût : la rentabilité attendue de ceux qui le mettent à disposition.
Extraire une année. Rapporter à l’investissement le bénéfice et non le flux d’argent. Ne pas tenir compte du fait qu’un gain lointain a moins de valeur qu’un gain proche. Voilà trois raisons d’oublier ce ratio. Et à mon avis d’éviter le mot.
Non au ROI d’un investissement, oui au ROCE d’une entreprise
La notion de ROCE, Return on Capital Employed, fait, elle, tout à fait sens. En français, rentabilité économique, c’est le ratio résultat / capitaux engagés. Il s’agit d’un regard global sur le résultat annuel d’une entreprise, donc la richesse qu’elle a créée, rapportée aux capitaux engagés dans l’entreprise tels que calculés au bilan.
Les capitaux engagés sont les immobilisations nettes et le besoin en fonds de roulement. Les immobilisations nettes sont la valeur d’achat des biens investis moins les amortissements cumulés. Le besoin en fonds de roulement se compose ainsi : stocks + factures clients en attente de règlement – factures fournisseurs en attente de règlement. Les capitaux engagés sont donc, à un instant t, de tout l’argent engagé dans l’entreprise en avance de la marge, mesurée en valeur nette comptable, c’est-à-dire en théorie récupérable, désengageable.
À tout moment, et d’année en année, l’entreprise se doit d’optimiser le rapport entre ces capitaux engagés et la richesse qu’ils créent.